Old Trafford (Manchester), le 19 octobre. Arrivé il y a plus de cinq ans en Angleterre, Morgan Schneiderlin a tout connu avec Southampton, même la troisième division. Old Trafford (Manchester), le 19 octobre. Arrivé il y a plus de cinq ans en Angleterre, Morgan Schneiderlin a tout connu avec Southampton, même la troisième division. (Getty Images/Shaun Botterill.)
Très peu connu en France, où il a quitté Strasbourg à 18 ans, mais considéré comme l’un des meilleurs milieux de terrain en Angleterre, Morgan Schneiderlin, 24 ans, a eu un parcours atypique qui conduit néanmoins aujourd’hui le joueur de Southampton aux portes de l’équipe de France.
Partir si jeune de Strasbourg était-il risqué ?
Morgan Schneiderlin. J’avais commencé à 5 ans à Strasbourg. Je sentais que, pour progresser, il fallait que je parte, surtout que je ne jouais pas là-bas. Southampton s’est montré le plus intéressé. Ils évoluaient en 2e Division à l’époque, avaient un excellent centre de formation, et je savais que j’aurais l’opportunité de jouer.
Jouer en www.2014airmaxpascher.com Angleterre, était-ce un rêve d’enfant ?
J’avais toujours été attiré par le jeu, le rythme, l’intensité. Et puis, je savais qu’il fallait que je progresse physiquement. Pour ?a, l’Angleterre et la 2e Division étaient parfaites. C’était difficile de quitter la famille et les amis, de se retrouver seul sans parler anglais, mais j’ai toujours assumé et jamais regretté mon choix.
Qu’est-ce qui vous a le plus frappé à votre arrivée ?
La culture de la gagne est ancrée dans les mentalités. En Angleterre, tu joues toujours pour gagner, même un 2 contre 2 à l’entra?nement. Et puis, il y a ces traditions. Quelques jours après mon arrivée, on m’a présenté un jeune qui a nettoyé mes crampons toute la saison. Il avait 16 ans et moi 18, mais j’étais en équipe première : donc, il devait laver mes chaussures.
Sur le terrain, en revanche, c’était plus difficile…
Oui, nous sommes descendus en 3e Division. Physiquement, je n’arrivais pas à tenir quatre-vingt-dix minutes. Mentalement, c’était dur. Je me demandais où j’allais. En France, on avait critiqué mon départ. Je voulais prouver que j’avais fait le bon choix, et me voilà alors en 3e Division anglaise dans un club avec de gros problèmes financiers.
Pourquoi êtes-vous resté alors ?
Un milliardaire (NDLR : Markus Liebherr, décédé en 2010) a racheté le club. Le projet est redevenu intéressant. La 3e Division anglaise, c’est la jungle. Il n’y a que des duels, presque pas de passes! Je me suis aguerri physiquement et mentalement. Il faut être dur, prendre des coups, en mettre. Le club a aussi mis en place une grosse structure, avec notamment des nutritionnistes. Là, j’ai senti que j’étais devenu un vrai professionnel.
Deux montées successives, et vous voilà enfin, en 2012, en Premier League…
Je réalisais enfin mon rêve à 22 ans. Jouer dans le meilleur championnat du monde. Il y a eu un peu d’appréhension, mais je me disais que physiquement ?a ne pouvait pas être pire que la 3e Division et que techniquement je serais au niveau. Je me suis très vite très bien senti. Et puis, Pochettino (NDLR : ancien joueur du PSG et de Bordeaux notamment) est arrivé. Il nous a fait changer de dimension, collectivement et individuellement. Il ira très loin. C’est un très grand entra?neur, proche de ses joueurs.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Je n’ai pas de plan de carrière, mais je veux jouer le plus haut possible, la Ligue des champions, gagner des titres, franchir des paliers chaque saison. J’espère le faire à Southampton, car je me sens bien ici et j’ai encore trois ans et demi de contrat. J’ai une grande marge de progression.
Les Bleus, le Mondial 2014, vous y croyez ?
L’équipe de France, c’est un rêve mais aussi un objectif. J’ai envie d’y être, mais il faut être lucide : il y a beaucoup de très bons joueurs à mon poste. Moi, je fais mes matchs, je donne tout, et après je verrai bien.
Après plus de cinq ans outre-Manche, la nationalité anglaise est aussi une possibilité pour vous. Y songez-vous ?
(Il sourit.) C’est vrai, mais je ne me pose pas la question. Je suis fran?ais, je me sens fran?ais. Il ne faut jamais dire jamais, mais je n’y pense vraiment pas aujourd’hui.